“Que peut-on voir, lire dans les cartes d’Elodie Rama? Sont-elles imaginaires, réelles? Sérieuses?
Elles présentent en tout cas tous les codes d’une bonne carte, avec ce qu’il faut de latitudes, de longitudes, de reliefs et de noms de villes ahurissants. On y reconnaît les contours de pays connus, sans pour autant s’y reconnaître tout à fait. Fiction ou réalité? Plutôt un portrait, celui de chacun(e) d’entre nous, celui d’une identité en perpétuelle reconstruction, un collage qui cherche à recoller en se dessinant.
Ces cartes racontent le métissage, le mélange des identités, les appartenances multiples qui nous construisent, mais bien plus encore elles racontent que notre identité ne vaut que si nous nous la racontons. La carte est alors un miroir composite de l’artiste, elle dessine sa réalité d’autant mieux qu’elle l’invente.”
Julien Zerbone
Juin 2010 : Exposition « îles » – Maison des Arts de Saint-Herblain.
Janvier 2019 : Exposition et création sonore : « l’île de Saint-Herblain » réalisée avec les témoignages des habitants, à La Maison des Arts, Saint-Herblain.
J’ai choisi le territoire insulaire car c’est le lieu de la rencontre.
L’écrivain martiniquais Édouard Glissant voyait dans la Caraïbe un laboratoire pour le monde. L’histoire des différentes îles des Antilles avait en effet donné naissance, dans des contextes originellement marqués par la violence, à « des rencontres d’éléments culturels venus d’horizons absolument divers et qui réellement se créolisent, qui réellement s’imbriquent et se confondent l’un dans l’autre pour donner quelque chose d’absolument imprévisible, d’absolument nouveau et qui est la réalité créole » .
Du fait de leur isolement géographique, les îles provoquent un effet de loupe qui favorise l’observation de dynamiques interculturelles réelles et rêvées. Dès lors, dans un monde en mutation, il importe de se pencher sur ces territoires insulaires eux-mêmes en mouvement. Ces territoires qui se touchent et qui se fondent dans la carte créent un espace nouveau propice à la projection imaginative et à la curiosité.












L'île de Saint-Herblain
Note d’intention:
Nous portons tous en nous d’infinis paysages qui prolongent et se mêlent à ceux de notre lieu de naissance. Que ces paysages aient été traversés, imaginés ou rêvés, ils forment le décor de nos vies, certains pour longtemps, d’autres pour un temps, et il n’est pas besoin d’avoir traversé trois océans, deux mers et un continent pour les deviner dans les plis de nos mots et dans le chant de nos accents.
Pour son exposition L’île de Saint-Herblain, Élodie Rama est allée à la rencontre d’habitants de Saint-Herblain nés sur d’autres continents et d’autres îles. Elle a récolté leurs mots et leurs souvenirs, a enregistré leurs voix, puis a imaginé et conçu depuis, ce que ces habitants lui ont confié : une île imaginaire, unique, capable de contenir tous leurs récits, toutes leurs cultures.
L’exposition se compose d’une carte de 4 mètres x 2 mètres 50 imprimée sur une voile de bateau, d’une projection de citations de témoignages des participants et d’un montage sonore des entretiens avec chaque participant.
Projet réalisé à La Maison des Arts de Saint-Herblain (44) avec le soutien de la ville de Saint-Herblain (Janvier 2019).
Ci-contre les témoignages, avec dans l’ordre, les voix de :
Serge (Guadeloupe), Henri (Martinique), Quy (Vietnam), Massiata (Guinée), Shaima et Rizlene (Algérie), Zahra (Mayotte), Mouna et Menel (Maroc), Luisa et Luna (Colombie), Ilona (Majorque, Espagne), Bethesda (Congo), Nathaelle (Congo et Gabon), Ewan (Bretagne), Elisabeth (Portugal), Awa (Sénégal), Angelica (Brésil), Sidra (Syrie), Jean-Paul (Inde), Jean-Baptiste (Madagascar), Titaua (Tahiti)
