À propos

Je suis chanteuse, autrice  compositrice et artiste visuelle. Avec deux disques solo à mon actif, « Strange Island » (2013) et « Constellations » (2023), j’ai foulé des scènes mythiques comme l’Olympia, l’Élysée Montmartre ou encore le Zénith de Paris et ai collaboré avec de nombreux artistes tels qu’IAM, Natural Self, Hocus Pocus, Sly Johnson, Bojan Z

Diplômée en Mode et Environnement à l’École Duperré à Paris, j’ai toujours envisagé la musique et les arts visuels de la même façon, ces deux pratiques partageant les mêmes centres d’intérêt. Pour moi tout est lié, c’est la raison pour laquelle cette proposition partage le même nom que mon premier disque, Strange Island.

C’est un atlas géographique offert à mes 10 ans qui a été le point de départ de mon amour pour les cartes. J’y ai découvert la Martinique, terre de mon père, sur papier, dessinée, et même si la carte géographique est une représentation froide et fidèle de la réalité, j’y ai trouvé matière à rêver. 

J’ai choisi le territoire insulaire car c’est la vision fantasmée de mes origines mais surtout c’est le lieu de la rencontre. L’écrivain martiniquais Édouard Glissant voyait dans la Caraïbe un laboratoire pour le monde. L’histoire des différentes îles des Antilles avait en effet donné naissance, dans des contextes originellement marqués par la violence, à « des rencontres d’éléments culturels venus d’horizons absolument divers et qui réellement se créolisent, qui réellement s’imbriquent et se confondent l’un dans l’autre pour donner quelque chose d’absolument imprévisible, d’absolument nouveau et qui est la réalité créole » . Du fait de leur isolement géographique, les îles provoquent un effet de loupe qui favorise l’observation de dynamiques interculturelles réelles et rêvées. Dès lors, dans un monde en mutation, il importe de se pencher sur ces territoires insulaires eux-mêmes en mouvement. Ces territoires qui se touchent et qui se fondent dans la carte créent un espace nouveau propice à la projection imaginative et à la curiosité.

J’invente des cartes pour en faire des portraits. Des portraits qui disent la vie de ceux que je représente, offrant une lecture poétique d’un chemin de vie.

Mon chemin croise aussi des groupes de personnes sur le terrain, à l’école, à la bibliothèque, dans les centres sociaux où je propose des ateliers en groupe que je dirige afin de fabriquer une île en grand format et en 3D. J’ai maintenant l’occasion de relier ma pratique des arts visuels et celle de la musique en y incluant une phase de création musicale à partir de la création insulaire.

Dialoguer, vivre ensemble, décloisonner, c’est l’ambition de ce projet artistique dans un monde déjà créolisé.

Élodie Rama